« Pèse le chemin de tes pieds » : oui, avant de faire un choix, il faut peser, discerner, prendre le temps de savoir où l’on s’engage ou se désengage... La précipitation est une ennemie dans la vie spirituelle. « Peser », on retrouve ce verbe en Proverbes 5.6 pour nous inviter à « peser le chemin de la vie ». Ici, il s’agit de peser le « chemin de ses pieds ». Le mot « chemin » qui est utilisé n’est pas le mot classique hébreu, mais il s’agit d’un mot très rare en hébreu que les traducteurs ont bien du mal à traduire. Il désigne un cercle, une roue, quelque chose de circulaire. Les traducteurs grecs ont aussi repéré l’ambiguïté et ont utilisé un mot aussi étonnant en grec, trochias, qui désigne une trace de roue, une ornière ; et par là, une piste, un chemin. Les deux mots, en hébreu ou en grec, font donc référence premièrement à quelque chose de circulaire et qui pourtant projette en avant.
Cette référence à un chemin circulaire était déjà présente en Proverbes 4.1, où Dieu s’exprime avec audace : « Je t’embarque sur des courbes droites » (embarquer, au sens littéral de faire monter dans un bateau). Voilà Dieu qui nous entraîne sur des courbes qui sont droites ! Certains traducteurs ont même traduit par « des courbes de droitures ». Variation sur la courbe et le droit… Oui, un chemin, ce n’est pas une route toute tracée, toute droite, sans détours… Les virages, les demi-tours, les arrêts, les élans, les fatigues, les aires de repos, les autoroutes, les sentiers, les montées, les descentes… tout cela fait partie du chemin et il en est bien ainsi dans nos vies… Mais ce « pèlerinage » avec ses richesses fait partie de la beauté de Dieu qui nous entraine à sa suite et nous embarque à ses côtés.
Choisir d’arrêter un projet deux ans et demi après son démarrage, cela peut sembler une courbe… ou une erreur de trajectoire. Et si cela était pourtant droit dans le cœur de Dieu ?
En 2020, le pasteur Daniel Bourguet a quitté les lieux, puis à la suite, l’association Fraternité des Abeillères qui gérait les lieux a pris fin. Une nouvelle association a été créée en janvier 2021, le Monastère des Abeillères, sous la présidence du pasteur Ludovic Papaux ; Emilie Escure-Delpeuch ayant été à l’initiative du projet et ayant la responsabilité de la vie de la maison sur place. Durant deux ans, de nombreux aménagements sur la maison ont été entrepris, l’ouverture de l’accueil a pu porter des fruits et beaucoup de bienfaits ont été donnés par Dieu. Nous sommes reconnaissants car nous avons pu accueillir une grande diversité de personnes qui ont pu vivre de belles expériences avec Dieu. Tout n’a évidemment pas été simple, d’autant que l’intention initiale de mener ce projet à plusieurs n’a pu aboutir. Par ailleurs, si beaucoup ont apporté un soutien significatif et précieux, et nous les en remercions très sincèrement, certains, pour des raisons qui leur appartiennent, n’ont pas facilité les choses.
Ainsi, une succession d’évènements ont aussi conduit l’équipe porteuse du projet à d’abord s’arrêter un temps pour pouvoir discerner la suite à donner ou pas. Or, il est rapidement devenu évident, pour plusieurs raisons, qu’il nous fallait rendre les clés aux propriétaires et continuer le chemin ailleurs. Ainsi, l’association Monastère des Abeillères sera dissoute le 24 août prochain. Jusqu’à cette date, l’accueil a été arrêté et les mois à venir seront consacrés à une nécessaire phase de transition, de déménagement…
Les lieux de retraite sont des lieux ecclésiaux de respiration spirituelle et les demandes sont nombreuses pour venir en retraite. Nous nous excusons donc de ne pouvoir répondre aux demandes que nous recevons et nous vous invitons à rejoindre d’autres lieux de retraite qui existent pour pouvoir vivre ces temps de cœur à cœur avec Dieu qui sont si importants. Et peut-être les Abeillères rouvriront-elles leurs portes ? Oui, nous voulons croire que Dieu a un projet en réserve pour l’avenir de cette maison. Il est vrai que ce ne sont pas les pierres ou la géographie qui importent le plus mais les liens qui se tissent avec Dieu, mais nous prions pour qu’une suite rayonnante puisse émerger. Et nous vous incitons aussi à prier dans ce sens, dans un esprit de confiance et de respect. L’équipe en place a fait le choix de ne pas influer sur l’avenir et de laisser à Dieu toute la place pour la suite. Oser le lâcher prise pour laisser émerger le vin nouveau. Car en effet, ces lieux spirituels peuvent parfois aussi être trop chargés de passé… et il peut être nécessaire de mettre du vin nouveau dans des outres neuves.
Que le Seigneur bénisse vos chemins, fait de courbes et de lignes droites et que vos chemins vous mènent au cœur de l’amour de Dieu.
L’équipe responsable du Monastère des Abeillères.